L’association de préfiguration du parc naturel régional (PNR) des Garrigues va-t-elle voir le jour ?

Objectif Gard – 18/11/2023

L’association de préfiguration du parc naturel régional (PNR) des Garrigues va-t-elle voir le jour ? Alors que la ville-centre qu’est Uzès ne souhaite pas y adhérer, un récent courrier de la présidente de Région jette un nouveau signal peu encourageant. 

Lors d’un conseil municipal en juillet, les élus d’Uzès ont voté à la majorité contre l’adhésion à la future association de préfiguration du parc naturel régional (PNR). Une décision à fort impact puisque la cité ducale figure comme la ville centre du périmètre du futur parc qui s’étendrait sur les deux communautés de communes Pays d’Uzès et Pont du Gard ainsi que sur quelques villes limitrophes.

Mais Philippe Marchesi, le président du PETR (Pôle d’équilibre territorial et rural) Uzège-Pont du Gard qui porte le projet de parc, s’était voulu rassurant. Il avait alors déclaré : « Est-ce qu’on peut imaginer aujourd’hui que sur les 72 communes, il y en ait une qui a un droit de véto sur un projet de cette taille ? Je ne vois pas le conseil régional et Mme Delga dire que si Uzès n’y va pas, on arrête tout.«  D’autant qu’aujourd’hui, 75 % des communes du périmètre ont voté favorablement pour l’association de préfiguration. Un « taux record« , selon lui, bien au-dessus du seuil requis de 60 %.

La Région ne poursuit pas la procédure de création de parc pour l’instant

L’association d’intérêt général APREG (Amis du parc naturel régional des Garrigues), créée en 2014 et qui suit le projet de près, a voulu en avoir le coeur net. Ses membres ont écrit à Carole Delga pour connaître sa position suite au vote d’Uzès. Il faut savoir que c’est la région Occitanie qui déclenche la création ou non de l’association de préfiguration du PNR. La présidente de Région a retourné un courrier au PETR Uzège-Pont du Gard. Mais sa réponse n’est pas vraiment celle qui était attendue ni par l’association, ni par le PETR.

La décision de la Région est de surseoir la création de l’association de préfiguration, à la suite du vote négatif d’Uzès. Coup dur. « On s’interroge sur la stratégie à suivre pour maintenir notre soutien au projet et sur les conditions à réunir pour pouvoir continuer à bâtir la base d’appui nécessaire à la création de l’association de préfiguration de parc« , alarme Bruno Julien, président de l’APREG. Lui et les autres membres de l’association sont pourtant convaincus de la nécessité de créer un parc et déplorent « cette situation bloquée et quasi « kafkaienne ». Cela fait quinze ans que l’on se bat pour le projet et qu’il y a des revirements incessants. »

« Ça coûte quoi d’adhérer ? Ils ont deux ans pour réfléchir »

Ils regrettent la décision des élus uzétiens qui pour eux « n’est pas fondée sur des bases solides« . Ils estiment même selon les mots forts de Bruno Julien être « pris en otage par de la désinformation, et une volonté de mettre à mal ce projet d’avenir. » L’APREG appelle « à trouver des voies de sortie » et « des pistes de travail, permettant de nouvelles concertations » et invite les autres instances territoriales à encourager la création de l’association de préfiguration, avec l’espoir qu’ensuite Uzès « revienne sur sa position« .

Objectif Gard - 18/11/2023 : Des membres de l'association des Amis du parc naturel régional des Garrigues (APREG) • photo Marie Meunier

Des membres de l’association des Amis du parc naturel régional des Garrigues (APREG).  • photo Marie Meunier

Car, il faut le rappeler, en adhérent à l’association de préfiguration, les communes ne disent pas oui ou non au parc naturel régional. Il s’agit d’abord d’élaborer ensemble la charte du futur parc pendant deux ans. « Ça coûte quoi d’adhérer ? Ils ont deux ans pour réfléchir à ce qu’ils veulent sur le territoire dans les 15 ans qui viennent« , pointe Alain Loones, secrétaire général de l’APREG. L’association rappelle que deux études ont déjà été effectuées et que ce PNR serait une véritable aubaine pour les communes rurales.

Jean-Luc Chapon : « On n’est pas d’accord pour avoir un PNR »

Lors du conseil municipal de juillet, Jean-Luc Chapon avait expliqué être en désaccord avec le périmètre. Il ne souhaitait pas non plus rajouter une structure supplémentaire et craignait le coût important qu’engendrerait un parc. Il s’appuie sur les chiffres 2015 du site Internet des parcs naturels régionaux : « On voit qu’un budget de PNR, c’est 3 millions d’euros par an, une trentaine de cadres et que 85 % de ce budget est dédié au fonctionnement et seulement 15 % à l’investissement. » Pourtant, Philippe Marchesi, président du PETR, l’a rappelé mercredi aux Rencontres du Territoire : « Le PNR est un excellent outil pour capter des fonds de l’État et européens. On dit que chaque fois qu’on met 1 € d’argent public dans un PNR, en principe, on a un retour de 10 €. »

Jean-Luc Chapon a lui aussi pris connaissance du courrier de Carole Delga. Et son avis n’a pas changé depuis le conseil municipal de juillet : « On n’est pas d’accord pour avoir un PNR. Ce que fait un PNR, un PETR peut très bien le faire. Je ne vois pas pourquoi le président du PETR s’acharne à vouloir créer un PNR. » Un argument que Philippe Marchesi avait déjà réfuté, assurant que les deux « n’avaient rien à voir« .

Le maire d’Uzès critique aussi « ce projet (qui) divise les mairies et les conseils municipaux. À Saint-Quentin-la-Poterie, le oui est passé de justesse. À Saint-Maximin, c’était 50-50. Le maire a dû trancher. » Enfin, le Premier magistrat de la cité ducale craint un manque de maîtrise de la gouvernance où les communes pèsent 28 % contre 35 % chacun pour le Conseil régional et le Conseil départemental, et 2 % pour les chambres consulaires. Au-delà de qui a raison ou tort, c’est peut-être le degré de division ou d’unité qui agit maintenant comme curseur pour la Région ?

Marie Meunier